Entre effort budgétaire et justice fiscale, comment les PLF et PLFSS impactent le pouvoir d’achat des Français ? 

Devant l’Assemblée nationale, le 1er octobre, le Premier ministre promettait de faire du « niveau de vie des Français » l’un des chantiers prioritaires de sa politique. Face au dérapage du déficit public, l’exécutif s’est fixé l’objectif de trouver 60 milliards d’euros d’économies et d’imposer un effort budgétaire d’ampleur au sein des PLF et PLFSS pour 2025, sous réserve des négociations en cours au Parlement.

Présentés chaque année afin de déterminer les recettes et dépenses de l’État pour l’année à venir, ces textes donnent la marche à suivre en matière d’imposition, de revalorisation d’allocations ou encore de remboursement de soins par la Sécurité sociale. Un impact pour les finances publiques, mais aussi celles des ménages. 

Une baisse de l’impôt pour de nombreux contribuables 

Comme le Smic, revalorisé à deux reprises en 2024, certains revenus ont progressé ces derniers mois. Mais qui dit salaire plus élevé dit plus de revenu issus de l’imposition pour l’Etat : près de 530 000 foyers auraient ainsi dû devenir imposables en 2025. Pour éviter la surimposition des foyers les plus fragiles, le gouvernement a décidé d’indexer les tranches du barème de l’impôt sur le revenu sur l’inflation, estimée à 2 % pour 2024. Les contribuables seront donc imposés à partir d’un revenu net imposable de 11 520 € contre 11 294 € l’année précédente. Les particuliers dont le salaire n’a pas évolué cette année – dont les plus aisés – devraient quant à eux être moins imposés qu’auparavant.

Coût de la mesure : 3,7 milliards. L’exécutif espère pourtant récupérer 2 milliards en demandant un effort supplémentaire aux foyers s’acquittant de la contribution exceptionnelle sur les hauts revenus (CEHR) via un taux minimum d’imposition de 20 %. L’occasion de réajuster le tir en matière de justice fiscale en faisant porter une partie de l’effort budgétaire sur les catégories plus aisées de la population. Notamment sur les retraités, dont le niveau de vie est considéré comme supérieur à celui du reste de la population. Ces derniers devront ainsi patienter avant de percevoir la revalorisation de leur pension décalée de janvier à juillet, pour 4 milliards d’euros d’économies. 

Énergie, billets d’avion… la facture risque de flamber

L’État entend grappiller quelques deniers via d’autres mesures fiscales notamment l’augmentation de la taxe intérieure sur la consommation finale d’électricité (TICFE) – pour un gain de 3 milliards – au-delà même du niveau connu avant le début de la guerre en Ukraine, soit plus que les 32,44 €/MWh initialement prévus. Cette mesure reste dans l’attente des avancées sur le texte au Sénat, dont le rapporteur envisage de transformer la taxe sur l’électricité en une taxe sur le gaz. Idem pour la taxe de solidarité sur les billets d’avion (pour une recette estimée à 1 milliard d’euros) payée in fine par les voyageurs.

Le coût de la santé reporté à la charge des patients 

Quant à la Sécurité sociale dont le déficit doit être ramené de 18 milliards d’euros fin 2024 à 16 milliards, le gouvernement prévoit une moindre participation à l’indemnisation des arrêts-maladies en faisant passer le plafond de prise en charge de 1,8 à 1,4 fois Smic ou via l’instauration d’un « jour de carence d’ordre public » durant lequel le salarié ne reçoit aucune compensation. Autre mesure importante : la hausse du ticket modérateur. En plus d’autres termes : en plus d’une augmentation du tarif des consultations médicales (de 26,50 € à 30 € en décembre), l’assurance-maladie ne remboursera plus que de 60 % de la somme contre 70 % auparavant. Charge donc aux mutuelles de prendre le relais, ce qui devrait se faire ressentir sur leurs tarifs.

Un article d’Emilie Pelloux

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